Le GPS de négociation, créé par Vincent Eurieult, évalue le rapport de force en négociation …
- selon trois critères (Enjeux, Urgence et Dépendance)
- et selon trois dimensions (ma réalité, ce que je pense de la réalité de l’autre partie, et ce qu’elle peut penser de la mienne)
…afin de définir des stratégies.
L’Ukraine est un passionnant sujet de négociation internationale, autant qu’un sujet de grande tristesse de voir ces jeunes hommes parlent la même langue s’entretuer. Et quel étrange de « médiateur » ce président Trump (intéressé, brutal, partial, etc.) !
Sur les enjeux :
Poutine a un enjeu existentiel. Après 3 ans de tuerie, il doit en tirer quelque chose de significatif (il ne contentera pas du Donbass), sinon les troupes démobilisées se feront l’écho d’un « tout ça pour ça» dévastateur pour lui (et d’ailleurs… y échappera t’il ?). Et la présence d’une Ukraine militarisée (donc puissante), démocratique et pro européenne à sa frontière est une menace ontologique pour son système dictatorial. Il aura donc une position maximaliste.
Zélensky a aussi un enjeu existentiel pour son pays et ses élites. La « dénazification » revendiquée par le kremlin est une décapitation promise aux élites et une disparition du concept même d’Ukraine.
Trump a un enjeu d’ego bien sûr, mais aussi une attitude d’un cynisme / mercantilisme exacerbé. Les US ont avancé leur influence très loin en Ukraine, poussant la Russie à la faute. Mais au fond, les US veulent pivoter leurs ressources vers l’Asie. Ils ont semé la zizanie sur le continent européen, nous séparant des russes, ils nous ont coupé le gaz russe/vendu le leur quatre fois le prix national, affaibli l’Allemagne, poussé les européens à investir des sommes folles dans l’armement, et tentent de séparer les russes des chinois. Sur le papier c’est une réussite. Mais ils ont aussi uni les Européens, ils perdront probablement des contrats d’armement (ça sert à quoi un F35 sans la clef ?), leur soft power est en miettes, et voir la Russie comme un allié/terrain de jeu est bien naïf. Sauf à ce que les US leur laissent les mains libres en Europe en échange. Pas impossible.
Sur les urgences, peu à dire… L’Ukraine est dans la nasse. Comment font il pour résister à Russie + Chine + USA avec la seule aide des européens ?
Sur les dépendances, l’Ukraine est très dépendante de l’aide extérieure (US / Europe) et n’a au fond pas d’autre issue qu’une négociation qui ferait beaucoup de concession. La Russie a toujours la possibilité de continuer, donc faible dépendance. Trump dépend des Russes, c’est eux qui donnent le « ok », il n’a aucun levier sur eux, sauf à remettre des armes sur la table (faible probabilité).
Il reste une carte intéressante : les Chinois.
Russie, US, Iran, Corée du Nord ont voté ensemble ( !!) contre la résolution condamnant l’agression russe.
Mais la Chine s’est abstenue… elle doit regarder avec la plus grande attention cette danse entre Poutine et Trump.
Poutine peut-il être ami des deux ?







